J’ai testé pour vous
« En gravel,
à vous la liberté ! »

À mi-chemin entre le vélo de route et le VTT, le gravel trace son sillon entre bitume et chemins. Cette pratique cycliste hybride séduit un public de plus en plus large. Décryptage avec Mathieu Drujon, ancien coureur professionnel et pratiquant de gravel.
Vignes, petits villages typiques, lacs…
le gravel redonne du sens
au slow tourisme
Le meilleur des deux mondes
Le gravel (gravier en anglais) est né aux États-Unis dans les grandes plaines du Midwest, où les longues routes rurales, en partie en bitume, deviennent vite des chemins de terre. Inappropriés au vélo de route classique, mais aussi au VTT – qui est trop lourd, a de trop gros crampons sur les pneus et un braquet inadapté pour les longues portions de route –, ces terrains intermédiaires ont donné naissance à cette monture hybride : « Le gravel, c’est un vélo avec un guidon de route, un cadre robuste et des pneus plus larges, qui roule aussi bien sur asphalte que sur sentiers, tout en alliant confort et performance. Il a fait ses premiers tours de roue en France autour de 2015 et attire aujourd’hui des cyclistes désireux d’échapper à la circulation, sans pour autant basculer dans le VTT. » Deux mots-clés pour le définir :
liberté et découverte.
Des tracés accessibles mais techniques
Le gravel s’adresse aussi bien aux cyclistes sur route qu’aux vététistes en quête de nouveautés : « Les premiers retrouvent un effort similaire à celui du bitume avec une touche d’aventure en plus. Les seconds apprécieront une pratique plus roulante. Pour les débutants, un minimum de préparation est conseillé : les chemins réservent des parties techniques (ornières, pierres, racines, passages glissants, etc.). Il faut bien choisir ses itinéraires ! » Les passionnés distinguent les itinéraires « 100 % gravel » de ceux trop proches du VTT ou trop routiers. Si le débat fait rage entre puristes, l’idéal reste un équilibre : 50 % de route et 50 % de chemins.


La Champagne, un terrain de jeu idéal
« Autour de Troyes, le gravel a trouvé son royaume : les grandes plaines venteuses au nord deviennent très attractives grâce aux chemins agricoles. Plus au sud, on retrouve des forêts sinueuses et à l’ouest des vallées humides. » Des circuits variés, comme Troyes–Montgueux–Villacerf-Sainte-Savine (55 km), offrent un bel aperçu de la diversité locale. Dans la forêt d’Othe, à l’ouest, les sous-bois ombragés entre Bouilly et Macey séduisent les amateurs de tranquillité, de reliefs et de pistes sinueuses et techniques. On peut même rejoindre la vallée de la Seine avec ses paysages humides et ses passages d’écluses. Des applications GPS aident à trouver les meilleurs parcours, balisés ou non, pour planifier ses sorties.

Parcourir le patrimoine autrement
En mode balade ou en version sportive, le gravel invite à explorer d’une autre manière le territoire. Vignes, petits villages typiques, lacs… Il redonne du sens au slow tourisme : on grimpe, on sue, mais on prend le temps de s’imprégner de l’ambiance des sites visités ! Là où la voiture file, le gravel s’arrête. Là où le VTT saute, le gravel observe. Il redonne un élan au cyclotourisme local en valorisant un environnement naturel parfois évité par les itinéraires traditionnels. « Cycliste troyen lassé des circuits routiers classiques, j’ai redécouvert des coins magnifiques grâce au gravel : peu de circulation, un sentiment de liberté, un dépaysement total ! »
Tout pour bien débuter
Tout d’abord, mieux vaut opter pour un vélo gravel spécifique adapté aux chemins mixtes. Prévoir de quoi réparer soi-même une crevaison en raison des épines ou des cailloux, savoir gérer le gonflage et choisir un itinéraire progressif est primordial. Le gravel se pratique en solo, en groupe, en mode sportif ou contemplatif. Il demande un minimum d’anticipation pour profiter pleinement de l’expérience (casque, ravitaillement, application GPS, vêtements adaptés, etc.). « Les conditions essentielles pour respecter l’essence même du gravel : rouler l’esprit libre ! »