Un monument chargé d’histoire

« Le cellier Saint-Pierre a autrefois appartenu aux chanoines de la cathédrale de Troyes. Au XIII^e siècle, en rez-de-chaussée, il leur servait en effet de cellier aux dîmes, c’est-à-dire qu’un dixième de la récolte de la ville y était stocké par le clergé », indique Alexandre Krumenacher, œnologue-distillateur du cellier. Face à la cathédrale, cet illustre édifice comprenait déjà, au Moyen Âge, un étage qui devait faire office de salle de réfectoire pour les chanoines mais aussi de lieu de réception ou de réunion. Les archives font d’ailleurs état de la présence, dans cet espace, d’une cheminée, d’un sol pavé de carreaux imagés et d’un plafond lambrissé.

Quand les marchands de vins
chassent le clergé…

Le cellier Saint-Pierre ou chapitre de Troyes a aussi connu une autre fonction étonnante ! L’ancienne salle du chapitre a été utilisée pour diriger le chantier de construction de la cathédrale de Troyes. Puis, au début du XVI^e siècle, une chambre spécifique à l’étage permettait aux maçons, qui travaillaient sur la construction du portail de la cathédrale, de réaliser leurs traits sur leurs plans. Des fenêtres avaient été notamment ajoutées au bâtiment afin de leur octroyer davantage de lumière lors de leurs journées de travail. Enfin, à la Révolution française, les marchands de vins ont pris place au sein du cellier Saint-Pierre. Ils utilisaient les lieux afin de stocker vins et alcools. Puis, ils y ont installé une distillerie. Aujourd’hui, elle est toujours en activité et permet notamment de produire la Prunelle de Troyes, une liqueur confectionnée avec des noyaux de petites prunes. Elle est le symbole d’un âge d’or du XIX^e siècle, où on comptait une vingtaine de distilleries sur Troyes.