Le quartier de VAULUISANT
Les familles de marchands les plus fortunées demeuraient rue Turenne ou bien autour de l’église Saint-Pantaléon, à proximité des places animées des foires de Champagne qui attiraient drapiers, tisserands et teinturiers venus y faire commerce. Cette activité textile en plein essor explique l’installation de négociants lombards dans l’Hôtel des Angoiselles et l’établissement de la « Maison des Allemands » dans la rue de la Trinité. « C’est d’ailleurs au sein de l’hôpital de la Trinité (aujourd’hui, l’Hôtel de Mauroy qui abrite la MOPO – Ndlr) que la première manufacture de bonneterie voit le jour au milieu du XVIIIe siècle. À l’initiative de Jean Berthelin, maire de Troyes et administrateur des Hospices, de nouveaux métiers à bas furent mis en route en 1751 et les orphelins hospitalisés initiés au travail de la bonneterie », explique le président de l’Association des Amis du Musée de la Bonneterie, Pierre Chevalier. Si la Révolution française freine le développement de la production textile, l’activité retrouve son dynamisme à la Restauration.
Dès lors, le savoir-faire troyen est reconnu et même mis en lumière lors des expositions universelles de Londres, en 1851, et de Paris, en 1867.
À vos marques !
« Mais c’est surtout au début du XXe siècle que l’industrie textile auboise connaît son apogée avec la création de marques de renom telles que Lacoste (les Ets Gillier, dont la fondation remonte à 1825, sont devenus par la suite Lacoste et ont créé le fameux polo en 1933 – Ndlr) et Petit Bateau (anciennement Ets Valton – Ndlr) qui perpétuent toujours la tradition », poursuit-il. En 1903, plus de la moitié des produits textiles français sont fabriquées à Troyes. Malheureusement, l’activité commence à s’étioler dans les années 1950. Le marché du bas nylon connaît sa première crise au tout début des années 1960. De nombreuses entreprises choisissent de se délocaliser afin de bénéficier d’une main-d’œuvre moins onéreuse et il faudra attendre les années 1990 pour que la filière textile auboise reprenne du poil de la bête grâce à l’implantation de ses magasins d’usine. Chaque année, près de trois millions de visiteurs profitent de ces bons plans de 30 à 50 % moins chers en moyenne par rapport aux boutiques classiques !
Le saviez-vous ?
Environ 3 500 personnes vivent
encore directement de la bonneterie.
Le Musée de la Maille – Mode et Industrie : un gros bonnet du textile
Depuis le 21 décembre 1904, l’Hôtel de Vauluisant est classé au titre des Monuments historiques. Il comprend le Musée de la Renaissance en Champagne qui recense des œuvres religieuses, des peintures et des sculptures du XVIe siècle, ainsi que le Musée de la Maille – Mode et Industrie qui présente de nombreux métiers du XVIIIe siècle à nos jours, une riche collection de produits fabriqués (chaussants, bonnets, gants, sous-vêtements, bas de luxe…) et la reconstitution d’un atelier artisanal de bonnetier. « Depuis 1947, l’Association des Amis du Musée de la Bonneterie a pour objectif de veiller à la sauvegarde et à la conservation de notre mémoire textile auboise en collectant et archivant de précieux documents (affiches, articles, outillages, machines, recueil d’expériences et de vécu…) », conclut Pierre Chevalier.
L’Hôtel de Vauluisant, véritable institution du quartier
Avec sa façade Renaissance encadrée par ses deux tourelles, l’Hôtel de Vauluisant en impose ! Il est l’un des plus beaux exemples d’architecture civile du patrimoine troyen. À l’origine, il occupait l’emplacement de l’ancienne résidence que s’étaient fait construire au XIIe siècle les moines de l’abbaye cistercienne Notre-Dame-de-Vauluisant du diocèse de Sens. Le bâtiment a brûlé lors du terrible incendie de 1524 et c’est à Antoine Hennequin, receveur des tailles*, que l’on doit l’immeuble actuel avant que celui-ci ne passe entre les mains de la famille de Mesgrigny jusqu’au XIXe siècle.
* Le receveur des tailles (impôts directs que le roi prélevait sur ses sujets par l’intermédiaire de ses vassaux) percevait les impositions directes et transmettait cette recette au receveur général.
Que voir d’autre ?
Si l’Hôtel de Vauluisant est le monument le plus emblématique du quartier, ce dernier abrite également quelques pépites qui valent le détour !
L’église Saint-Pantaléon
Classée en 1862 au titre des Monuments historiques, elle mêle différents styles architecturaux et recèle des trésors comme des sculptures du Beau XVIe siècle, mais aussi des vitraux en grisaille et des tableaux remarquables signés Jacques Carrey.
La Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière
Venez découvrir une collection unique de plus de 12 000 outils dits « de façonnage à main » ! Vous pourrez y admirer près d’une soixantaine de métiers d’hier et d’aujourd’hui. La MOPO est le deuxième fonds de ressources documentaires de France sur la culture ouvrière.
7, rue de la Trinité 10000 Troyes
https://mopo3.com/