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Saint-Loup a-t-il terrassé un monstre légendaire ?

Souvent représenté avec, à ses pieds, un dragon vaincu, l’évêque Saint-Loup est connu pour avoir tenu tête à Attila, roi des Huns. Retour sur cet épisode qui a donné naissance à la légende de la « Chair salée ».

D’Attila à la « Chair salée »…

Pour bien comprendre cette légende, plongeons-nous au Ve siècle, lorsque les hordes d’Attila déferlaient sur l’Europe. En 451, les Huns sont aux portes de Troyes. Les troupes romaines du Général Flavius Aetius vont les tenir en échec. Attila, défait, bat en retraite et menace de prendre Troyes qui se trouve sur son chemin. C’est alors que Loup, évêque de la ville, entre en scène et décide d’envoyer une délégation pour parlementer avec lui. Face à l’assassinat de ces émissaires et de l’échec des négociations, Loup part en personne à la rencontre du redoutable chef. Il lui demande alors, avec un grand sang-froid, de traverser la ville de Troyes sans la saccager. Attila accepte et se voit accompagné jusqu’au Rhin par le courageux évêque, qui permet d’épargner la cité.

Sous les flammes de l’enfer !

Cet épisode a certainement donné naissance à une légende populaire selon laquelle Saint-Loup – devenu Saint patron de la ville de Troyes – aurait défendu la cité face à un monstre. Non content de tenir tête à Attila, il aurait aussi terrassé d’un coup d’épée un dragon qui ravageait les environs. La dépouille de la bête vaincue aurait été ensuite salée afin de la conserver, d’où le nom de « Chair salée ». On retrouve des représentations de Saint-Loup plantant une épée dans la gueule d’un dragon, notamment à l’extérieur de l’église de la Nativité-de-la-Vierge des Noës-près-Troyes ou sur un poteau cornier – pièce maîtresse en bois située aux coins des pans d’une charpente – dans la rue du Général Saussier à Troyes. Cette symbolique du dragon, représentant le Mal, est sujette à interprétations : pour certains, il s’agit simplement d’Attila, pour d’autres, l’hérésie qu’a combattue Saint-Loup durant sa vie.

Célébrer la victoire de Saint-Loup sur la « Chair salée »

Que ce dragon ait existé ou non, toujours est-il que, à partir du XVIe et jusqu’au XVIIIe siècle, les chanoines de l’abbaye Saint-Loup ont organisé une procession durant les Rogations, soit les trois jours précédant l’Ascension. Elle consistait à promener un dragon en bronze, juché en haut d’un mât, du nom de « Chair salée », dans la ville de Troyes. Il ouvrait la gueule, battait des ailes et agitait la queue grâce à des ficelles passées à l’intérieur du mât. Le premier jour, il était couronné de fleurs, orné de guirlandes et traversait la ville comme une fiancée. Le deuxième jour, on le parait de rubans et de pompons, telle une mariée. Il était porté dans toutes les églises, jusqu’à Saint-Pantaléon. Enfin, le troisième jour, on célébrait ses funérailles, la veille de sa salaison.

Sculpture  figurant sur la façade de l’Église de la nativité de la Vierge des Noës-près-Troyes 

Une légende qui coule de source !

Cette légende de la « Chair Salée » ne s’arrête pas aux portes de Troyes. On la retrouve au puits de la Doux à Bouilly. On raconte que ses dimensions hors norme constituaient une porte d’entrée idéale au dragon lorsqu’il sortait des enfers pour venir sur terre, ainsi qu’un parfait refuge. Malheur à celui ou celle qui croisait par hasard son chemin…